Sommaire remorque
L'été 1994, nous n'avons même pas attendu la fin de l'école pour nous embarquer dans un avion  direction Saigon. Après 15 heures de vol, nous nous sommes retrouvés en pleine saison des pluies. " Chaud et humide" ils disent dans les bouquins; ils feraient mieux de dire " Brûlant et pataugeant ". La température frôle régulièrement les 45° dès que le soleil perce les nuages et quand il pleut, on a plus l'impression de se trouver
sous une châsse d'eau que dans une douche.
Mais nous n'allons pas nous arrêter devant ces considérations météorologiques au demeurant sans importance puisque la remorque est étanche. Et mon papa, les averses, il les bénissait parfois parce que pédaler par 45° en plein soleil, ça le fatiguait un peu. L'âge sans doute...
 
J'ai donc fixé un itinéraire assez simple qui permettait de découvrir ce pays qui s'ouvre à l'Occident tout en ne négligeant pas le coté touristique du voyage, c'est à dire les baignades dans la mer de Chine qui borde le Vietnam sur toute sa longueur (Et il est long ! Le Vietnam ressemble un peu à une côte de porc sans la viande, un os de 2000 km en quelque sorte !). De Saigon, situé dans le sud du Vietnam, et baignant dans le delta du Mékong, nous avons alors commencé la remontée vers Hanoi, ancienne capitale du Nord-Vietnam.
Contrairement à ce qu'on a pu prétendre, il n'y a plus guère de Vietnamiens qui parlent Français, l'Anglais sera bientôt la langue quasi-officielle de ce pays au train où vont les choses. Alors en attendant, ils parlent beaucoup avec les mains. Et les mains, ils savent s'en servir ! Jusqu'au fond de mon slip qu'ils allaient les mettre pour voir si j'étais un garçon ou une fille...
 
Ils aiment bien toucher les poils aussi, car eux n'en ont guère, et les cheveux blonds. Bref, chaque pause le long de la route donnait lieu à d'interminables séances de tripotage dont je ressortais généralement assez déshabillé... Le Vietnam a au moins 70 millions d'habitants (au moins car ils n'ont pas réussi à se sortir du dernier recensement, alors ils ont ressorti les chiffres du précédent) et la densité de population y est énorme, ce qui fait qu'on est jamais seul et qu'à chaque fois qu'on s'arrête quelque part, on a l'impression d'avoir 70 millions de personnes autour de soi !
 
Deux cents kilomètres après Saigon, nous avons atteint la mer de Chine pour ne plus la quitter jusqu'à la baie d'Ha-long. Je m'en suis donné à coeur joie dans cette mer magnifique où l'eau est verte et claire, remplie de poissons et les plages pleines de crabes et de coquillages. En plus avec 42° sur la plage et 32° dans l'eau, le choix de l'endroit pour passer la journée est vite fait. Je me suis fait plein de copains, et souvent bien plus vieux que moi car dans ce pays quand on a trois ans on est plutôt petit et moi j'étais souvent plus grand que les enfants de 5 ou 6 ans... mais je jouais avec eux comme si de rien n'était.
J'ai même commencé à me perfectionner en Vietnamien, je sais répondre " fap " (Français) quand on me demande " Where do you come from ? ", " ba toï " (trois ans) quand on me demande " How old are you  ?" et " Cam on " (merci) quand on nous servait à table du riz (côm) avec des oeufs au plat (op la) ou de l'omelette (op let). C'est vraiment enfantin... Et j'ai aussi appris à faire plein de gestes, pour dire le reste...
 
Pour ce qui est de la nourriture, le Vietnam offre une cuisine très diverse et délicieuse si on retire les épices... On trouve partout de quoi manger et plus personne ne meurt de faim, bien au contraire puisque le pays commence à exporter dans les pays alentours. Il y a des mangues, des papayes, des ananas, des pastèques, des bananes partout et des tas de fruits délicieux comme le " fruit du dragon " ou les lychees. Le poisson est l'accompagnement de base du riz avec le canard. Seul problème, le seul fromage qu'ils connaissent est la " Vache qui rit ".
Bref, de plage en plage, nous avons rallié doucement Hué, la dernière ville impériale du Vietnam où en plus des pagodes un peu délabrées qu'on voit partout, on peut visiter une étonnante forteresse du plus pur style " Vauban " qui constitue le coeur de la ville et rappelle la présence de la France dans les temps anciens. Cette visite est un plongeon dans le passé et rappelle celle qu'on peut aussi faire à l'île de Gorée au large de Dakar.
 
Finalement, après 1400 km de vélo, 600 km de train et deux jours de bateau, nous avons rallié Hanoi. Nous avons remis le vélo et ma remorque dans l'avion pour rentrer au Mans.
Papa a ramené quelques babioles qu'il a payées très cher - mais il est nul en marchandage - et dont personne ne peut garantir l'authenticité. Moi, je reviens riche de souvenirs et d'aventures à raconter aux copains.
 
Je me souviendrais toujours de l'accueil de ces gens, de la beauté de ces plages pas encore atteintes par la cupidité immobilière et le flots des touristes. Bref du charme de l'Orient et surtout de celui de cette petite Vietnamienne rencontrée à Hanoi et avec laquelle j'ai joué deux jours durant pendant que mon papa se reposait, fatigué d'avoir tiré son attelage de 80 kg...
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