On a débarqué à Oaugadougou à la fin du mois de juin 1996 avec le vélo, la remorque et l'intention de se retrouver à Bamako 4 semaines plus tard. Pour les nuls en géographie, Ouagadougo (prononcez "Ouaga") c'est la capitale du Burkina Faso (l'ancienne Haute Volta) et Bamako, c'est la capitale du mali. Entre les deux, il y a au moins 1200 km si on passe par la piste et non par la route. On a choisi la piste parce que c'est là qu'on fait les plus belles rencontres
A Ouagadougou, je suis donc monté dans ma remorque, Papa s'est mis à pédaler et nous sommes partis à l'aventure. Et là, pour de l'aventure, on a été servi !
 
La température d'abord, on nous avait annoncé entre 25° et 30° puisque nous étions en période des pluies. Le seul problème est que cette année est une année de sécheresse et que la température passait régulièrement la barre des 45° en début d'après-midi !
L'eau évidemment. Partout on ne trouve que des puits où l'eau est un vrai bouillon de culture. Il faut filtrer tout ce qu'on boit si on veut pouvoir passer plus de temps à vélo que la culotte sur les mollets. Et avec la chaleur, l'eau est brûlante dans les gourdes. Enfin la soif aidant même une eau très chaude est un vrai nectar !
 
La nourriture est aussi un problème. Le choix proposé dans les restaurant de brousse ou les villages est assez sommaire. En gros, c'est du riz cassé, quelques cailloux glissés dedans par mégarde, le tout accompagné d'une sauce arachide très diluée. Il n'y a souvent que ça à manger. On apprend à s'en contenter. Pour les fruits, le choix se compose de mangues, mais aussi de mangues ou bien encore... de mangues.
 
Les routes quand elles sont goudronnées sont correctes, mais les pistes sont très dures. Ou de tôles ondulées qui obligent à avancer au pas, ou ensablées qui obligent à pousser le vélo, ou défoncées et caillouteuses qui tordent les jantes et cassent les rayons ou pleines d'épineux qui font s'arrêter tous lestrois kilomètres pour réparer les crevaisons. Parfois, une même route présente alternativement tous ces aspects sur quelques kilomètres, c'est moins lassant !
Enfin, si côté burkinabé le français est généralement assez bien parlé, côté malien, c'est la catastrophe. Le Mali atteint 80 % d'analphabétisme et comme les enfants n'apprennent le français qu'à l'école, cela fait  moins d'un malien sur cinq qui s'exprime dans sa langue nationale !
 
Mais la contrepartie de ces petits inconvénients est l'accueil. Quelque soient les gens que nous avons rencontrés au Mali comme au Burkina, nous avons dans tous les villages été reçus comme des invités d'honneur. Moi je sortais mon ballon de foot et la partie démarrait aussitôt avec tous les enfants du village, garçons et filles mélangés. Mon papa discutait avec les gens du village qui parlaient le français.
Partout on nous offrait le thé, on nous invitait à nous reposer, à nous laver et à rester la nuit. Même quand on passait dans un village à dix heures du matin, il y avait toujours quelqu'un pour nous inviter à y dormir ! Même si parfois dans certains villages, personne ne parlait le français, on a malgré tout pu y obtenir de l'eau et un coin d'ombre pour se reposer.
 
Moi là dedans j'étais le roi. J'étais dans beaucoup de ces endroits le premier petit enfant blanc que les gens voyaient. Alors tout le monde voulait m'approcher, me toucher, regarder mes jouets et connaître mes impressions. Parfois c'était un peu pesant alors j'écartais les curieux en leur donnant des grands coups avec le drapeau de la remorque. Ou bien je m'y enfermais pour que personne ne me voit !
Un truc bien aussi, ça a été les traversées. On a traversé le Niger et le Bani (un affluent) plusieurs fois. Ca n'était pas une mince affaire que de mettre le vélo et la remorque dans une pirogue et de traverser, les fesses serrées en
priant qu'on ne se renverse pas ! Mais quel plaisir que de se baigner dans l'eau à 32° ! On restait parfois plusieurs heures au bord du fleuve, plongeant et replongeant, sans trouver le courage de repartir sur le vélo dans la fournaise de la piste... Le seul inconvénient, ce sont les poissons qui viennent pincer (ou mordre ?) dès qu'on cesse de bouger dans l'eau. C'est plutôt désagréable, surtout au début quand on ne sait pas ce que c'est.
 
Alors de fil en aiguille, de coups de pédales en crevaisons, nous avons successivement traversé le pays Mossi, le pays Dogon avec ses extraordinaires villages troglodytes accrochés dans la falaise de Bandiagara, le pays Bambara pour arriver à Bamako.
1400 km de routes, 9 jours de piste, une trentaine de crevaisons, de trop nombreux kilomètres à pousser le vélo et la remorque dans le sable, plein de rencontres merveilleuses, il restera beaucoup de souvenirs de ce voyage !
 
Il restera surtout le souvenir d'une grande pauvreté qui n'empêche personne d'ouvrir sa porte et de proposer un toit pour la nuit. Et le goût amer de savoir que lorsque ces gens nous accueillaient si gentiment, la France ne trouvait meilleur remerciement, et pour toute réponse, que de rapatrier manu militari deux charters de leurs compatriotes...
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