Pour mon dernier voyage en remorque, en Août 1997, j'ai dit à mon papa : " trouve-moi un vrai désert mais
n'oublie pas que j'adore sauter dans les vagues ! ".
 
Et le premier août, nous nous sommes retrouvés dans un avion vers l' Egypte via Londres, Moi, le vélo, la remorque et mon papa.
 
Arrivés au Caire, nous avons choisi de jouer pendant deux jours les touristes à pied pendant que le vélo et la remorque se perdaient entre Londres et l’hyper espace, merci British Airways ! Ca nous a permis de prendre la mesure de ce qui nous attendait avec le vélo. Le Caire est une mégalopole surpeuplée baignant en permanence dans un épais nuage de pollution. Un bouchon définitif de taxis hors d’âge et de voitures déglinguées empêche la ville de respirer et la cacophonie infernale des Klaxons oblige les passants à hurler pour se parler. Les policiers placés au milieu des carrefours en sont réduits à jouer aux toreros avec les voitures tant leurs conducteurs se contrefichent des stridents coups de sifflets de la maréchaussée. Après une visite aux pyramides dans un taxi sans freins, nous nous demandions vraiment comment nous allions pouvoir sortir vivants de cette ville avec seulement des pédales comme moyen de propulsion !
 
Maintenant, de retour en France, je suis en mesure de vous donner la recette (SGDG) pour y arriver. Il suffit de rouler bien à droite car tous les conducteurs roulent sur les bandes de gauche pour doubler. N’hésitez pas à couper les ronds-points en sens inverse si c’est le plus court chemin car c’est ce que tout le monde fait, et vous ne gênerez pas ceux qui font la même chose de l’autre côté. Et puis ne respectez les feux que si tout le monde le fait, ce qui équivaut à presque jamais. De toute façon, s’immobiliser quelques secondes dans un tel nuage toxique entraînerait une absorption quasi mortelle de CO2 et j’exagère à peine !
 
Lorsqu'enfin la British Airways nous rendit le vélo, nous sommes partis rapidement vers le Nord, direction Port-Saïd le long du Nil. La circulation est restée tellement dense que je ne pouvais presque pas parler avec mon papa. Les soirs nous avons été hébergés par des gens le long de la route et nous avons généralement pu converser en Anglais.
A Port Saïd, j'ai fait mon premier bain en Méditerranée. Curieux souvenir que ce bain au milieu de femmes portant d'élégants maillots de bain islamiques tandis que mon papa, n'osait pas quitter son cuissard de vélo et son superbe maillot Marcel de peur de s'attirer les foudres des censeurs de la mode locale…
 
Nous avons descendu le canal de Suez. C'est fantastique de pédaler à coté de gros pétroliers et de portes conteneurs ! Le seul inconvénient est l'interdiction de prendre des photos tout le long de cette zone hyper militarisée. Les Egyptiens n'ont peut être pas compris que le Sinaï de l'autre coté est vraiment à eux !
 
A Suez nous avons traversé par le bac pour arriver dans le désert du Sinaï. Et là, c'est du vrai ? La température déjà très forte a tout de suite monté de 2 ou 3 degrés et toute trace de végétation a disparu de notre horizon. Heureusement un vent du nord a poussé le vélo tout le long des 400 km qui nous séparait de Shar El Sheikh, extrême sud du Sinaï. Le vent n'a pas été étranger à certaines moyennes de 40 km horaire et s'il souffle toujours dans ce sens, c'est de la folie que de tenter une remontée du Sinaï ! Ce furent 4 jours merveilleux, le désert à gauche, la mer à droite, agrémentés de baignades et de thés offerts au détour des rares villes et villages le long de la route. Seule ombre au tableau, des crevaisons à n'en plus finir et des Rustines que la chaleur empêchait d'adhérer, mais ça c'est le problème de mon papa, parce que moi, pendant qu'il réparait ces chambres à air sous le soleil, je coloriais bien à l'ombre dans la remorque !
 
Sharm El Sheikh fut un vrai bonheur, même si il doit exister plus vrai comme Egypte authentique. C'est une ville de grands hôtels et de magasins pour touristes. Mais il faut y aller pour la mer. Dès qu'on a les pieds dans l'eau, on est entouré de poissons qui rendraient fou un aquariophile. Lorsque la profondeur atteint entre 3 et 4 mètres, c'est le paradis. On voit le fond à travers l'eau claire et ce fond est tapissé de coraux, d'anémones et peuplés de poissons tous plus colorés les uns que les autres. Le paradis des plongeurs est là !
 
Trois jours plus tard, nous remontions en bus à Suez pour redescendre vers Hurghada autre paradis des plongeurs encore plus synthétique et peuplé d'italiens. Là, tous les marchands compte en italien… et comme des italiens, méfiance !
 
Nous avions dans l'idée de rejoindre Louxor par la route à travers le désert. Nous avons découvert alors le problème islamique de l'Egypte qui se rappellera au monde trois semaines plus tard par une fusillade d'allemands au Caire et l'assassinat de Japonais et de Suisses dans la vallée des Rois.
 
Pour aller de Hurghada à Louxor, soit 220 km environ, les autorités militaires présentes aux portes de chaque ville bloquent tout véhicule contenant des touristes étrangers et les regroupent en convoi escorté par des véhicules armés. (L'état d'urgence n'a pas été levé depuis l'assassinat de Sadate). On voit des guirlandes de cinquante à cent bus convoyer le matin les touristes vers Louxor pour les ramener le soir à Hurghada avant la tombée de la nuit, car il est hors de question de circuler de nuit sur cette route !
 
Curieusement après avoir tenté de nous raisonner, puis proposé de nous faire monter dans un bus, et trois heures d'attente, le commandant du barrage a dû juger que nous étions suffisamment fous pour pouvoir faire cette route seuls puisqu'il nous laissa passer… Les militaires qui gardaient les stations de pompage de pipe-line qui relient les deux villes nous voyaient passer avec stupéfaction et si à mi-chemin un groupe d'entre eux accepta de nous héberger, ce fut en cachant le vélo, en refusant qu'on plante la tente et en exigeant qu'on dorme avec les officiers ! Tout ceci était très inquiétant et totalement contraire à l'accueil très gentil réservé par les gens tout le long de cette route.
 
Après vingt kilomètres très pénibles où une automitrailleuse décida de son propre chef d'assurer notre sécurité en roulant cinq mètres derrière nous, nous sommes arrivés à Louxor où un super petit camping pas cher et avec piscine nous accueillit. Entre les baignades, Karnak et la Vallée des Rois, nous consacrâmes trois jours à l'étude de l' Egypte antique.
 
Comme il n'est pas possible de cycloter le long du Nil, un bus nous a ramenés au Caire où nous sommes retournés aux pyramides admirer le Sphynx à bicyclette (l'honneur est sauf). Une dernière soirée au "sons et lumières " de Gizeh, un dernier défi cycliste aux automobiles cairotes et il était déjà temps de rentrer en France pour la rentrée scolaire...
 
Pas grave, il me reste plein de souvenirs ! Et puis, maintenant que je vais pouvoir pédaler, je vais essayer de convaincre mon papa de m'acheter un truc que j'ai vu et qui s'appelle une troisième roue. Une sorte de vélo mais qui peut avancer même quand on ne pédale pas… un truc pour les enfants quoi.
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